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Voici
l'homélie de Mgr François-Xavier Loizeau
pour la confirmation à Digne-les-Bains en 2005
Matthieu 10, 26-33 C
Peurs et dons de l’Esprit
En écoutant les textes proposés à la lecture
pour ce dimanche, je me suis dit tout d’abord qu’ils
ne convenaient guère pour une célébration joyeuse
du sacrement de la confirmation. En effet, l’évangile
nous annonce des persécutions envers les chrétiens
et la lettre de Saint Paul, qui a précédé,
nous parle du péché et de la mort qui atteint tous
les êtres humains sans exception.
Ces textes nous renvoient sans apprêt à nos peurs,
celle de notre condition humaine, celle de la difficulté
du témoignage chrétien dans un monde indifférent
et parfois hostile. Ces peurs nous habitent comme elles habitent
aussi nos jeunes qui demandent aujourd’hui d’être
confirmés dans la foi de leur baptême : peur devant
soi et devant ses désirs parfois contradictoires, peur en
face d’un avenir bien incertain et peur de dire sa foi devant
ses copains et copines ; peur devant la dureté de la vie
et peur de ne pas rester fidèles ; peur devant la mort qui
peut venir trop tôt et peur du péché qui peut
entraîner à la déchéance…
Et pourtant, au creux de ces peurs, qui traversent nos existences,
la Parole de Dieu nous invite à la confiance en soi, en la
vie, dans les autres, envers Dieu. Jésus, dans l’Évangile,
nous répète, à plusieurs reprises :
« N’ayez pas peur ! », « Ne craignez pas
les autres humains… Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer
le corps et ne peuvent tuer l’âme… Soyez sans
crainte, vous valez bien plus que tout ! ».
Et même si nous sommes tous pécheurs, marqués
dans notre nature humaine par le mal, tous voués à
la mort corporelle, comme dit saint Paul, eh bien, ajoute-t-il,
« Combien plus la grâce de Dieu — c’est-à-dire
son amour envers nous — nous a-t-elle tous comblés,
cette grâce donnée en Jésus Christ ! »
Cet « amour de Dieu répandu dans nos cœurs »,
c’est l’Esprit-Saint que Jésus nous avait promis
avant de nous quitter sur cette terre, c’est l’Esprit-Saint
que Dieu a envoyé sur les disciples de Jésus au jour
de la Pentecôte, c’est l’Esprit-Saint qui nous
est donné quand nous sommes baptisés et quand nous
sommes confirmés. L’Esprit-Saint est en nous la marque
indélébile de l’amour que Dieu nous porte et
qui est plus fort que le péché, que le mal et que
la mort. C’est là l’essentiel de notre foi dont
ces jeunes vont témoigner dans un instant et que nous serons
appelés à proclamer avec eux.
Au cours de la retraite préparatoire à leur confirmation,
les jeunes ont réfléchi à l’Esprit-Saint
dans leurs vies. Ils se sont intéressés, quand je
les ai rencontrés à Fontchaude, aux sept dons que
procure la venue de l’Esprit-Saint. Vous connaissez ces dons
de l’Esprit : « le don de sagesse, le don d’intelligence,
le don de conseil, le don de force, le don de connaissance de Dieu,
le don d’affection filiale envers Dieu, le don de l’adoration
dans la prière ».
Dans leurs lettres de demande de confirmation, chacun de ces jeunes
a dit le don qu’il demandait particulièrement pour
lui. Je cite quelques-uns d’entre eux, avec l’expression
personnelle qu’ils mettent sur le don qu’ils désirent
:
- « Je voudrais recevoir le don de conseil pour aider ceux
qui hésitent sur le chemin de la foi » ;
- « J’aimerais recevoir le fruit de la longanimité
(la patience) car cela me permettra d’apprendre de mes malheurs
et, après, je pourrai aider les autres et les conseiller
» ;
- « Je voudrais recevoir le fruit de la douceur pour pouvoir
mieux accepter les différences des autres » ;
- « Mon don, que j’aimerais avoir, c’est la
sagesse pour contrôler mes esprits et aider des gens »
;
- « Je veux faire ma confirmation afin de recevoir le don
de la sagesse pour aider ceux qui sont seuls » ;
- « Je souhaite le don de la piété parce que
je ne suis pas assez reconnaissante envers les gens que j’aime
et envers Dieu » ;
- « J’aimerais recevoir de l’Esprit-Saint le
don de la charité car j’ai du mal à offrir
de l’amour aux autres » ;
- « Je voudrais recevoir le don de la paix pour l’apporter
au monde » ;
- « Je voudrais confirmer mon baptême et recevoir
le don de la force pour affronter les épreuves de ma vie
».
Avec cette demande du don de force, nous retrouvons l’expression
des épreuves devant le vie qui vient, l’expression
de toutes ces peurs dont nous parlions tout à l’heure.
Ces peurs sont compréhensibles. Mais les dons de l’Esprit,
spécialement le don de force, enracinent en nous la confiance
en Dieu en toutes circonstances présentes ou à venir.
Les dons de l’Esprit enracinent en nous l’amour de Dieu
et la force de témoigner de lui en toutes circonstances présentes
ou à venir.
Un texte ancien de la liturgie chrétienne est une prière
à l’Esprit-Saint, « le père des pauvres,
le consolateur divin ».
L’Esprit-Saint est « dans le labeur, le repos ; dans
la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs le réconfort
».
Il « lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride,
guérit ce qui est blessé ».
Il « assouplit ce qui est dur, réchauffe ce qui est
froid, rend droit ce qui est faussé ».
Il donne à ceux qui le lui demandent les « sept dons
sacrés » et « la joie éternelle ».
Il nous transmet, à nous aussi, la pitié et la compassion
envers nos frères en humanité qui cherchent un Sauveur
et un Guide.
C’est cet Esprit que nous demandons en ce jour pour nos jeunes
frères qui vont recevoir le sacrement de la confirmation
et pour nous-mêmes ici présents autour d’eux.
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