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De la Compagnie de sainte Ursule
fondée par sainte Angèle Merici, en 1535, à
Brescia (Italie)
aux Ursulines de Digne-les-Bains
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Angèle Merici naît
en 1474 dans l'Italie prospère et convoitée
de la fin du quinzième siècle.
Les fastes de la renaissance, apanage d'une élite,
ne peuvent pas occulter les problèmes critiques et
persistants d'une société sans cesse hantée
par la maladie, la faim, les guerres.
Un appel intérieur ou une vision, marquera
Angèle dès son adolescence et laisse en elle
une empreinte profonde.
Si sa biographie ne nous
permet pas de la suivre, les témoignages qui nous la
révèlent à 40 ans nous font découvrir
:
- une femme de prière, saisie par l'amour
du Christ, imprégnée de la spiritualité
franciscaine.
- une femme de cœur, ouverte aux problèmes
de la société et travaillant avec d'autres
laïcs pour y remédier.
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D'abord discrète, son action force peu à
peu le respect et l'admiration de son entourage.
Sa notoriété devient telle qu'Angèle finit
par devenir une référence : « La Madre»,
que l'on vient consulter de toutes les sphères de la société.
Son rayonnement grandissant, elle le doit :
- àl'unité profonde d'une vie toute centrée
sur Dieu.
- au don exceptionnel de réconcilier et de créer
l'unité des cœurs.
- à sa contagieuse sérénité, signe
d'équilibre et de paix dans une époque tumultueuse
en proie au doute et aux inquiétudes religieuses.
Après 1515, dans une Italie ruinée
par les guerres, elle fait figure de « repère »,
puisant sa force et son autorité dans l'Évangile,
source de son action.
Enracinée dans son milieu, elle porte un regard
réaliste sur la société de son temps. Douée
d’un sens étonnant des relations, elle s’attache
à transmettre à tous le message d'espérance
et de joie qui la fit vivre.
Au temps de Sainte Angèle :
1440 : Gutenberg invente l'imprimerie.
1492 : Christophe Colomb débarque au nouveau monde.
1500-1510 : Raphaël, Vinci, Michel-Ange réalisent leurs
chefs d'œuvre.
1520 : Luther rompt avec Rome.
1540 : Ignace de Loyola fonde la compagnie de Jésus.
1542 : Paul III convoque le concile de Trente.
Cependant l'appel de Dieu demeure insistant. En 1535,
Angèle, riche de son expérience, se décide
enfin à fonder « La Compagnie de Sainte Ursule ».
Dans sa règle tout à fait originale, elle ne fait
que transcrire ce qu'elle vivait déjà avec ses compagnes
:
- à une époque où il est d'usage de tenir
les religieuses à l'écart du monde, dans un monastère,
elle décide que les Ursulines vivront leur consécration
dans leur milieu de vie.
- dans une société à dominante masculine,
elle met l'accent sur l'importance du rôle de la femme dans
la sauvegarde et la transmission des valeurs essentielles.
- dans une société cloisonnée séparant
ceux qui combattent, ceux qui prient et ceux qui travaillent,
elle ouvre une « brèche » en engageant laïcs
et consacrées à œuvrer ensemble au service
de l'Évangile.
Ces audaces tranquilles ne dérangent.
Quelques années plus tard l’Église
et la société pousseront les Ursulines à s'aligner
sur les ordres monastiques de leur temps.
Cela commencera en France en 1607. C'est sous cette forme que l'ordre
essaimera en Europe d'abord, en Amérique et en Asie ensuite.
Cependant, les bulles d’érection des monastères
d’Ursulines stipulent que « l'instruction des petites
filles » est le brut principal de l'ordre.
Ces monastères ouvrent donc leur porte aux « pensionnaires
» tandis que des externes affluent dans les locaux adjacents
des classes gratuites.
Que reste-t-il aujourd'hui de l'intuition et des
choix de sainte Angèle ?
- le sens de l'essentiel, puisé dans une longue méditation
de l'Evangile.
- la conviction que l'action apostolique et la contemplation
se vivifient réciproquement.
- l'urgence de la mise en œuvre, par tous les baptisés,
du message évangélique.
- l'importance de la qualité des relations empreintes
d'humanité, d’affabilité, d'attention à
chacun, signes de l'amour de Dieu pour tout homme.
- la nécessité de s'adapter aux besoins des temps
et des lieux pour y répondre d'une manière nouvelle
dans la fidélité à l'Évangile et la
docilité à l'esprit.
C'est sans doute en raison de cet « essentiel
» puisé dans l'Évangile et de cet esprit d'adoption
aux besoins des temps et des lieux que les Ursulines se sont au
long des siècles répandues dans tous les continents.
C'est aussi l'urgence apostolique inscrite en leur
cœur qui a lancé sur les océans tant de missionnaires,
et, d'abord, la bienheureuse Marie de l'Incarnation Guyart qui fut
parmi les premières religieuses à franchir les océans,
pour annoncer le Royaume. En 1639, elle fonda un premier monastère
d'Ursulines au Canada.
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