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rassemblées
par Mgr Loizeau
en
parcourant la récente Lettre encyclique « Spe
salvi »
sur l’Espérance chrétienne
du
Pape Benoît XVI (1ère partie)
L’exemple
de Paul Le-Bao-Tinh (au n°37)
« Ce
n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir
devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter
les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver
un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour
infini. Dans ce contexte, je voudrais citer quelques phrases d’une
lettre du martyr vietnamien Paul Le-Bao-Tinh (mort en 1857), dans
lesquelles devient évidente cette transformation de la
souffrance par la force de l’espérance qui vient de
la foi.
« Moi,
Paul, lié de chaînes pour le Christ, je veux vous
raconter les tribulations dans lesquelles je suis chaque jour
enseveli, afin qu’embrasés de l’amour divin,
vous bénissiez avec moi le Seigneur, parce que dans tous
les siècles est sa miséricorde. Cette prison est
vraiment une vive figure de l’enfer éternel. Aux
liens, aux cangues et aux entraves viennent s’ajouter des
colères, des vengeances, des malédictions, des
conversations impures, des rixes, des actes mauvais, des serments
injustes, des médisances, auxquels se joignent aussi l’ennui
et la tristesse. Mais celui qui a déjà délivré les
trois enfants des flammes ardentes est aussi demeuré avec
moi ; il m’a délivré de ces maux et
il me les convertit en douceur, parce que dans tous les siècles
est sa miséricorde. Par la grâce de Dieu, au milieu
des supplices qui ont coutume d’attrister les autres, je
suis rempli de gaieté et de joie, parce que ne suis pas
seul, mais le Christ est avec moi (…). Seigneur, vois
ta croix foulée aux pieds des mécréants.
Où est ta gloire ? A cette vue, enflammé de
ton amour, j’aime mieux mourir et que mes membres soient
coupés en morceaux en témoignage de mon amour pour
toi, Seigneur. Montre ta puissance, délivre-moi et aide-moi,
afin que, dans ma faiblesse, ta force se fasse sentir et soit
glorifiée dans le monde (…). En entendant ces choses,
vous rendrez, remplis de joie, d’immortelles actions de
grâces à Dieu auteur de tous les dons et vous le
bénirez avec moi, parce que dans tous les siècles
est sa miséricorde (…). Je vous écris ces
choses pour que nous unissions votre foi et la mienne :
au milieu de ces tempêtes, je jette une ancre qui va jusqu’au
trône de Dieu ; c’est l’espérance
qui vit toujours dans mon cœur ».
C’est une
lettre de l’enfer, mais en elle se réalise la parole
du psaume : « Même les ténèbres
pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le
jour est lumière » (Ps. 139). Le Christ est descendu
en « enfer » et ainsi il est proche de celui
qui y est jeté, transformant pour lui les ténèbres
en lumière ; La souffrance, les tourments restent terribles
et quasi insupportables. Cependant l’étoile de l’Espérance
s’est levée, l’ancre du cœur arrive au
trône de Dieu. Le mal n’est pas déchaîné dans
l’homme, mais la lumière vainc : la souffrance,
sans cesser d’être souffrance, devient malgré tout
chant de louange ». |
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