|
rassemblées
par Mgr Loizeau
en
parcourant la récente Lettre encyclique « Spe
salvi »
sur l’Espérance chrétienne
du
Pape Benoît XVI
Le
témoignage du Cardinal Nguyen Van Thuan (aux
n° 32 et 34)
32.
Un premier lieu essentiel d’apprentissage de l’espérance
est la prière. Si personne ne m’écoute plus,
Dieu m’écoute encore. Si je ne peux plus parler avec
personne, si je ne peux plus invoquer personne, je peux toujours
parler à Dieu. S’il n’y a plus personne qui
peut m’aider, là où il s’agit d’une
nécessité ou d’une attente qui dépasse
la capacité humaine d’espérer, Lui seul peut
m’aider. Si je suis relégué dans une extrême
solitude… ; celui qui prie n’est jamais totalement
seul.
De
ses treize années de prison, dont neuf en isolement, l’inoubliable
Cardinal Nguyen Van Thuan nous a laissé un précieux
petit livre : Prières d’espérance. Dans
une situation de désespoir apparemment total, l’écoute
de Dieu, le fait de pouvoir lui parler, deviennent pour lui une
force croissante d’espérance qui, après sa
libération, lui a permis de devenir pour les hommes, dans
le monde entier, un témoin de l’espérance,
de la grande espérance qui ne passe pas, même dans
les nuits de la solitude (…).
34.
Pour que la prière développe sa force purificatrice,
elle doit, d’une part être très personnelle,
une confrontation de mon moi avec Dieu, le Dieu vivant. D’autre
part, cependant, elle doit toujours être à nouveau
guidée et éclairée par les grandes prières
de l’Eglise et des saints, par la prière liturgique,
dans laquelle le Seigneur nous enseigne continuellement à prier
de façon juste. Dans son livre d’Exercices spirituels,
le Cardinal Nguyen Van Thuan a raconté comment dans sa
vie il y avait eu de longues périodes d’incapacité à prier
et comment il s’était accroché aux paroles
de la prière de l’Eglise : au Notre Père, à l’Ave
Maria et aux prières de la liturgie.
Dans
la prière, il doit toujours y avoir une association entre
prière publique et prière personnelle. Ainsi nous
pouvons parler à Dieu, ainsi Dieu nous parle. De cette
façon, se réalisent en nous les purifications grâce
auxquelles nous devenons capables de Dieu et aptes au service
des hommes. Ainsi, nous devenons capables de la grande espérance
et nous devenons ministres de l’espérance pour les
autres : l’espérance dans le sens chrétien
est toujours aussi espérance pour les autres. Elle est
espérance active, par laquelle nous luttons pour que les
choses n’aillent pas vers une issue perverse. Elle est
aussi une espérance active dans le sens que nous maintenons
le monde ouvert à Dieu. C’est seulement dans cette
perspective qu’elle demeure également une espérance
véritablement humaine.
On peut lire
avec grand profit les deux livres du Cardinal Van Thuan cités
par le Pape :
- Prières d’espérance (1995).
- Paroles d’espérance (Nouvelle Cité,
2000).
Mais aussi :
- Le chemin de l’espérance (Le Sarment-Fayard,
1991)
- Les pèlerins du chemin de l’espérance
(Le Sarment-Fayard, 1993)
- Témoins de l’espérance. Retraite au
Vatican (Nouvelle Cité, 2000)
- 365 jours d’espérance (Ed du Jubilé,
2000).
Et sur lui :
- André Nguyen Van Chau. Une vie d’espérance
(Ed du Jubilé, 2007)
La
prière de Jimmy
Jimmy,
un vieil homme, vient chaque jour, à midi, dans l’église
de son village. Il entre et il sort tout aussitôt. Le sacristain,
intrigué, lui demande : « Jimmy, que viens-tu
faire ici ? » - « Je viens prier » - « Mais,
tu n’as pas le temps de prier : tu entres et tu sors ! » - « Oh,
ma prière est toute simple » - « Que
dis-tu ? » - « Je dis seulement :
Jésus, voici Jimmy ! ».
Quelques
années plus tard, Jimmy tombe gravement malade. Il est emmené dans
la salle commune de l’Hôpital. Or, à partir
du moment de son arrivée, le climat de cette salle change
complètement. On devient bienveillant, plein d’attention,
joyeux les uns envers les autres. L’infirmière, intriguée,
demande : « Jimmy, depuis que tu es là,
tout le monde est charitable. Que fais-tu pour cela ? » - « Oh,
rien de spécial, c’est simple : je salue, je
dis un mot agréable à chacun… » - « Bien
sûr, mais quel est ton secret ? » - « Il
y a le visiteur ! » - « Le visiteur ? Quel
visiteur puisque personne ne vient te voir ? » « Mais
si, j’ai un visiteur chaque jour. C’est pourquoi je
vous ai demandé de mettre une chaise auprès de mon
lit » - « Quel est ce visiteur puisque ta
chaise est toujours vide ? » - « Oh,
c’est Jésus ! Il vient chaque jour, à midi,
s’asseoir sur cette chaise » - « Que
dit-il alors ? » - « Il me dit :
Jimmy, voici Jésus ! Il s’en va puis il
revient le lendemain… ».
« Jésus,
voici François-Xavier ! » - « François-Xavier,
voici Jésus ! » : ce fut la prière
toute simple de Mgr Van Thuan, chaque midi, dans les prisons
du Vietnam, pendant trieize années, lorsqu’à cause
d’épuisement, il lui était trop difficile
de prier longuement. Telle fut l’histoire qu’il me
raconta lors d’une rencontre en Vendée en 1994.
FX
Loizeau
|
|