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rassemblées
par Mgr Loizeau
en
parcourant la récente Lettre encyclique « Spe
salvi »
sur l’Espérance chrétienne
du
Pape Benoît XVI
« Lieux » d’apprentissage
et d‘exercice de l’espérance
- la
prière comme école d’espérance
« Si
personne ne m’écoute plus, Dieu m’écoute
encore. Si je ne peux plus parler avec personne, si je ne peux
plus invoquer personne, je peux toujours parler à Dieu.
S’il n’y a plus personne qui peut m’aider – là où il
s’agit d’une nécessité ou d’une
attente qui dépasse la capacité humaine d’espérer – Lui
seul peut m’aider. Si je suis relégué dans
une extrême solitude… celui qui prie n’est
jamais seul » (32).
« La
prière comme exercice du désir. L’homme a été créé pour
une grande réalité, pour Dieu lui-même, pour être
rempli de Lui. Mais son cœur est trop étroit pour
la grande réalité qui lui est assignée.
Il doit être élargi. C’est ainsi que Dieu,
en se faisant attendre, élargit le désir ;
en faisant désirer, il élargit l’âme ;
en l’élargissant, il augmente sa capacité de
recevoir (…) La façon juste de prier est un processus
de purification intérieure qui nous rend capables de Dieu
et de la sorte capable aussi des hommes (…) L’homme
doit apprendre qu’on ne peut pas prier contre autrui. Il
doit apprendre qu’on ne peut pas demander des choses superficielles
et commodes que l’on désire dans l’instant,
la fausse petite espérance qui le conduit loin de Dieu.
Il doit purifier ses désirs et ses espérances » (33).
« Ainsi
nous devenons capables de la grande espérance et nous
devenons ministres de l’espérance pour les autres
(…). L’espérance chrétienne est une
espérance active, par laquelle nous luttons pour que les
choses n’aillent pas vers une issue perverse. Elle est
aussi une espérance active dans le sens que nous maintenons
le monde ouvert à Dieu » (34).
- Agir
et souffrir, comme lieux d’apprentissage
de l’espérance
« Je
peux toujours encore espérer, même si apparemment
pour ma vie ou pour le moment historique que je suis en train
de vivre, je n’ai plus rien à espérer. Seule
la grande espérance-certitude que, malgré mes échecs,
ma vie personnelle et l’histoire dans son ensemble sont
gardées dans le pouvoir indestructible de l’Amour
et qui, grâce à lui, ont pour lui un sens et une
importance, seule une telle espérance peut dans ce cas
donner encore le courage d’agir et de poursuivre » (35).
« Comme
l’agir, la souffrance fait aussi partie de l’existence
humaine (…). Il faut certainement faire tout ce qui est
possible pour atténuer la souffrance ; empêcher,
dans la mesure où c’est possible, la souffrance
des innocents ; calmer les douleurs ; aider à surmonter
les souffrances psychiques (…). Oui, nous devons tout
f aire pour surmonter la souffrance, mais l’éliminer
complètement du monde n’est pas dans nos possibilités,
simplement parce que nous ne pouvons pas nous extraire de notre
finitude et parce qu’aucun d’entre nous n’est
en mesure d’éliminer le pouvoir du mal, de la faute,
qui est continuellement source de souffrance. Dieu seul pourrait
le réaliser. Seul un Dieu qui entre personnellement dans
l’histoire en se faisant homme et qui y souffre. Nous savons
que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui enlève le
péché du monde est présent dans le monde.
Par la foi en l’existence de ce pouvoir, l’espérance
de la guérison du monde est apparue dans l’histoire.
Mais il s’agit précisément d’espérance
et non encore d’accomplissement » (36).
« Là où les
hommes, dans une tentative d’éviter toute souffrance,
cherchent à se soustraire à tout ce qui pourrait
signifier souffrance, là où ils veulent s’épargner
la peine et la douleur de la vérité, de l’amour,
du bien, ils s’enfoncent dans une existence vide, dans
laquelle peut-être n’existe pratiquement plus de
souffrance, mais où il y a d’autant plus l’obscure
sensation du manque de sens et de la solitude. Ce n’est
pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la
douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter
les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver
un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour
infini » (37).
« La
mesure de l’humanité se détermine essentiellement
dans son rapport à la souffrance et à celui qui
souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société.
Une société qui ne réussit pas à accepter
les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer,
par la compassion, à faire en sorte que la souffrance
soit partagée et portée aussi intérieurement
est une société cruelle et inhumaine » (38).
« Dieu
ne peut pas souffrir, mais il peut compatir. L’homme a
pour Dieu une valeur si grande que Lui-même s’est
fait homme pour pouvoir compatir avec l’homme de manière
très réelle, dans la chair et le sang, comme cela
est montré dans le récit de la Passion de
Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est
entré quelqu’un qui partage la souffrance et la
patience ; de là se répand dans toute souffrance
la consolation. La consolation de l’amour participe de
Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance.
Certainement, dans nos multiples souffrances et épreuves,
nous avons toujours besoin aussi de nos petites ou de nos grandes
espérances : d’une visite bienveillante, de
la guérison des blessures internes et externes, de la
solution positive d’une crise, et ainsi de suite (…).
Mais dans les épreuves vraiment lourdes, où je
dois faire mienne la décision définitive de placer
la vérité avant le bien-être, la carrière,
la possession, la certitude de la véritable, de la grande
espérance devient nécessaire » (39).
« Que
veut dire la pensée d’offrir les petites peines
du quotidien ? Pouvoir les insérer dans la grande
compassion du Christ : elles entrent d’une certaine
façon dans le trésor de compassion dont le genre
humain a besoin » (40).
A
suivre |
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