Annecy 2012

pèlerinage à Annecy sur les pas de Saint François de Sales.

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l'homélie de Mgr Loizeau
le mot du Père Christophe Disdier Chave
exposé du père Fournier
exposé du Père Blanc
perles
témoignages

AU PAYS DE SAINT FRANCOIS DE SALES

         Du 22 janvier après-midi au 24 en soirée, les prêtres du diocèse et leur évêque s’en sont allés en pèlerinage sur les traces de saint François de Sales, dans ce pays qui l’a vu naître et devenir prêtre et évêque, la Savoie.
         Ce pèlerinage, comme celui à Ars il y a deux ans, se voulait un moment de fraternité sacerdotale et un ressourcement spirituel dans la mouvance de celui qui fut un apôtre, un pasteur et un directeur d’âmes aux XVI et XVIIème siècles et qui reste un modèle reconnu comme « docteur de l’Eglise ».
         Sa spiritualité d’amour de Dieu en toutes choses et conditions de vie a marqué notre diocèse qui, jusqu’à ces dernières années, avait un groupe salésien, à Digne. Des prêtres et des laïcs continuent personnellement à suivre cette spiritualité. Celle-ci peut stimuler la vie pastorale des prêtres d’aujourd’hui. De notre pèlerinage, nous retirerons des fruits pour notre diocèse.

         François de Sales fut, à son époque d’après le Concile de Trente et de controverses avec les Protestants, un pasteur très simple et humain avec tous et chacun, introduisant aux secrets de l’amour de Dieu et du prochain, attentif à mettre la vie spirituelle (la « vie dévote » comme on disait alors) à la portée de tous et en toutes circonstances de vie : « La dévotion, disait-il, ne gâte rien quand elle est vraie, mais elle perfectionne tout : le soin de la famille en est rendu paisible, l’amour de l’homme et de la femme plus sincère, et toutes sortes d’occupations plus suaves et aimables ». Pas de mièvrerie en tout cela, mais un humble amour des autres qui trouve en Dieu et dans la docilité à l’Esprit un équilibre de vie qui construit et rayonne la paix. Nous avons beaucoup à puiser à cette spiritualité aujourd’hui dans notre monde anxieux et soupçonneux.

         François de Sales fut un grand mystique, dont « L’introduction à la vie dévote » et surtout le « Traité de l’Amour de Dieu » développent les fondements de vie spirituelle et leurs conséquences concrètes. Mais il fut aussi un grand réaliste. A quoi bon, écrit-il, bâtir des châteaux en Espagne, quand il nous faut habiter en France ? L’important c’est de vivre chaque instant, même ordinaire et banal en apparence, avec un grand amour. C’est l’amour qu’on y met qui donne valeur aux actes et non la quantité ou la difficulté des actions. « Supportez doucement les menues injures, ces petites incommodités, ces pertes de peu d’importance qui vous sont journalières, car ces petites occasions, employées avec amour sont le moyen de gagner l’amour de Dieu ». Parmi ces petites choses, il parle des menus services à rendre, des maux de tête ou de dents, d’un rhume, de l’humeur bizarre du mari ou de la femme, de la perte d’objets, du respect humain que l’on éprouve quand il s’agit de poser publiquement un geste religieux, du changement d’horaire qu’on s’impose pour aller à la messe… « Ces occasions, prises à tout moment et embrassées avec amour, elles contentent extrêmement la Bonté divine, laquelle pour un seul verre d’eau à promis la mer de toute félicité à ses fidèles ». Faire ainsi le lien entre ces petites choses et l’acte d’amour suprême du Christ sur la Croix, c’est leur donner toute leur valeur. Il n’y a pas de choses insignifiantes pour ceux qui aiment. « De petites fleurs poussent au pied de la Croix : le service des pauvres, la visite des malades, le soin de la famille ».

         A Jeanne de Chantal, qui se confiait à lui, François de Sales lui souhaitait ceci : « Tenez votre cœur au large ! Et pourvu que l’amour de Dieu soit votre désir et sa gloire votre prétention. Vivez toujours joyeuse et courageuse ! ».
         C’est aussi le vœu de votre évêque en ce début d’année nouvelle !

+ François-Xavier Loizeau, évêque de Digne

Fête de St François de Sales
Annecy, le 24 janvier 2012,

homélie de Mgr Loizeau

Les textes bibliques de la liturgie de la fête de St François de Sales ont été spécialement choisis pour nous donner en exemple le « Docteur de l’Amour divin » (selon l’expression du Pape Paul VI).
La Parole évangélique de St Matthieu au chapitre 11 (25-30) nous rapporte une prière de Jésus ; elle nous transmet « un joyau de prière ». Dans l’esprit de Saint François de Sales, on peut la méditer selon plusieurs formes de l’Amour que Jésus y manifeste pour nous.

         Tout d’abord un Amour de jubilation. Cette hymne exprime la joie intérieure de Jésus envers son Père dans une prière de reconnaissance et de louange. C’est un jaillissement d’allégresse du Fils devant l’Amour de son Père et sa Bonté. Elle exprime « la conscience et la certitude de Jésus d’être « le Fils », en communion intime et constante avec lui, et c’est le point central et la source de toute prière de Jésus (…). Elle montre que la vraie connaissance de Dieu présuppose la communion avec lui. Seul le Fils connaît vraiment Dieu, en étant dans une intime communion de l’être ; seul le Fils peut révéler vraiment qui est Dieu » (Benoît XVI). Cette prière est l’expression de leur amour mutuel dans l’Esprit-Saint et de leur amour pour nous.
         Saint François de Sales traduit cette jubilation à sa manière poétique et inspirée par le Cantique des Cantiques : « Celui qui, le matin, écouterait longuement, d’un proche bosquet, le chant délicieux des oiseaux : serins, linottes, chardonnerets, et qui entendrait tout à coup la mélodie parfaite de l’admirable voix d’un maître rossignol, ne préférerait-il pas ce seul chant à tous les autres ? Ainsi lorsque l’on a entendu toutes les louanges que tant de différentes créatures font monter vers leur Créateur, et que l’on entend ensuite celle du Sauveur, on lui découvre une douceur, un portée, une perfection infinies, qui dépassent tout ce que le cœur aurait pu concevoir (…) Nul mieux que lui ne pénètre la beauté du Père, nul plus que lui n’aime la gloire et la louange du Père, c’est pourquoi nul mieux que lui ne le loue et le bénit ! Tenez, regardez l’amour qui est dans le cœur du Bien-Aimé, quand il est derrière la paroi de son humanité ! Il se laisse entrevoir par les plaies de son corps et la plaie de son flanc, comme par des fenêtres ou un treillis, au travers duquel il nous regarde ! » (440).

Cet Amour de jubilation parfaite dans le Fils bien-aimé devient peu à peu en nous un Amour de prédilection. « C’est, explique Saint François, la marque de l’action du Saint-Esprit, que le divin commandement d’aimer est exprimé par le mot dilection plutôt que par celui d’aimer. La dilection, certes, est un amour, mais un amour qui inclut un choix, une élection. Ce commandement nous enjoint d’aimer d’un amour élu entre mille, comme le Bien-aimé est exquis entre mille. C’est l’amour qui doit prévaloir sur tous nos autres amours, et qui doit régner sur toutes nos passions. C’est cela que Dieu attend de nous : qu’entre tous nos amours, celui que nous avons pour lui engage le plus profondément notre cœur, qu’il y règne, qu’il occupe toute notre âme, qu’il englobe tout, qu’il saisisse toutes nos facultés, qu’il soit le plus élevé et le plus constant, qu’il emplisse tout notre esprit, que toute nos énergies et toutes nos forces lui soient consacrées. Par cet amour de dilection, volontairement, délibérément, nous choisissons Dieu comme suprême objet de notre esprit » (796).
En une parole de synthèse, François définit la charité théologale : « La charité est un amour d’amitié, une amitié de dilection, une dilection de préférence, mais de préférence incomparable, souveraine et surnaturelle, laquelle est comme un soleil en toute l’âme pour l’embellir de ses rayons, en toutes les facultés spirituelles pour les perfectionner, en toutes les puissances pour les modérer, mais en la volonté comme en son siège pour y résider et lui faire chérir et aimer son Dieu sur toutes choses » (

         Cet Amour qui nous tourne vers Dieu comme unique préféré est aussi un Amour de compassion, comme celui de Jésus envers « tous ceux qui peinent sous le poids du fardeau ». En son hymne de jubilation, Jésus implique dans sa connaissance filiale de Dieu tous ceux que le Père veut y faire participer ; et ceux qui accueillent ce don, ce sont les « tout-petits », les accablés, les fatigués par la vie, les persécutés en son nom.
         Saint François de Sales a cette parole, qui est comme le résumé de sa spiritualité : « Dieu est le Dieu du cœur humain ». Il dit encore que c’est la charité divine qui produit en nous l’amour du prochain : « Aimer le prochain d’un amour de charité, c’est aimer Dieu dans le prochain que nous aimons, ou aimer le prochain dans le Dieu que nous aimons ; c’est chérir Dieu pour le seul amour de lui-même, et la créature pour l’amour de Dieu (…). Lorsque nous voyons notre prochain à l’image et semblance de Dieu, est-ce que nous ne devrions pas nous dire les uns aux autres : Tenez, regardez celui-ci, voyez comme il ressemble à son Créateur ? ».
SaintFrançois avoue alors qu’il faudrait tout un autre livre pour parler de l’amour du prochain. Mais c’est surtout par ses actes de compassion envers les pauvres de sa contrée qu’il écrira les pages de la charité en Dieu, « repos » bienfaisant pour tous et chacun. Saint François sera « doux et humble de cœur » selon l’Evangile. Il vivra « ces deux chères et bien-aimées vertus qui reluisaient en la sacrée Personne de Notre-Seigneur ». Il proposera « le joug facile à porter » par tout un chacun .Il indiquera la voie de l’imitation de l’Evangile à tous ceux et celles qui voudront librement « devenir les disciples » de Celui qui pria son Père avec tant d’amour devant ses disciples, en ce jour de joie comme dans le temps de la Passion et de la Croix.

         Commentant ce passage d’Evangile, selon St Matthieu (ou St Luc 10, 21-22), le Pape Benoît XVI concluait ainsi, à la manière de François de Sales : « Nous avons goûté un moment la richesse de cette prière de Jésus. Nous aussi, par le don de son Esprit, nous pouvons nous adresser à Dieu, dans la prière, avec la confiance des enfants, en invoquant le nom du Père, « Abba ». Mais nous devons avoir le cœur des petits, des « pauvres en esprit », pour reconnaître que nous ne sommes pas autosuffisants, que nous ne pouvons pas construire notre vie tout seuls, mais que nous avons besoin de Dieu, de son Amour ; nous avons besoin de le rencontrer, de l’écouter, de lui parler. La prière nous ouvre à la réception du don de Dieu, à la sagesse de son Amour, qui est Jésus lui-même, pour accomplir la volonté du Père sur notre vie et trouver ainsi le repos pour les fatigues de notre chemin ». (7 décembre 2011).


Digne Riez Sisteron

 


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