Homélie
Mes chères sœurs Annonciades,
plus encore que les nombreux services d’accueil en
cette maison diocésaine, dont nous vous sommes immensément
reconnaissants, vous nous avez apporté votre grâce
particulière, votre spiritualité qui vous
vient de la mission de votre ordre de l’Annonciade
depuis le début du seizième siècle
et formulée ainsi par sainte Jeanne : « Que
les sœurs vivent de la vie de Marie, pour l’honneur
et le plaisir de Dieu et pour le salut du monde. »
Vous portiez ainsi cet esprit religieux
et communautaire au milieu de nous depuis plus de vingt-cinq
années. Vous étiez avant tout un monastère
de contemplatives essayant de vivre à la suite de
Marie en tout, selon ce que nous en rapporte l’Évangile
et la tradition mariale de l’Église. Nous avons
vu plusieurs d’entre vous vaquer avec zèle
à l’accueil et au service de cette maison ;
nous n’avons peut-être pas suffisamment perçu
votre vie de prière contemplative et d’intercession
pour nous, nos paroisses et nos familles… C’était
parfois votre souffrance, c’est notre regret.
Avant que vous ne nous quittiez, nous pourrions
nous rappeler quelle fut votre raison d’être
parmi nous afin que nous puissions garder la grâce
de l’Annonciade chez nous. La meilleure façon
de nous dire cette grâce, n’est-ce pas de relire
le prologue de votre Règle de vie, qui vient de votre
fondatrice s’adressant à ses soeurs :
« Premièrement et avant tout, ayez continuellement
la Vierge elle-même devant les yeux, jetant vos pensées
et vos regards sur Elle comme les Mages sur l’étoile.
Que la Vierge soit votre modèle, qu’Elle soit
votre oracle, qu’Elle soit votre règle. N’ayez
nulle autre étude que de plaire parfaitement à
votre Époux (le Christ) par l’imitation de
la Vierge : c’est que, en effet, votre prudence, votre
conseil, votre vocation, votre religion et votre fin sont
de plaire sincèrement à Dieu par la Vierge.
Mais parce que la manière d’imiter la Vierge
est de plaire à Dieu à son exemple, qui est
mise en votre Règle, est toute prise de l’Évangile,
vous avez besoin de savoir ce que l’Évangile
dit de la Vierge : les vertus qu’Elle avait, ses pensées,
ses paroles ou ses actions… Si nous la mettons en
lumière, nous aurons la Vie éternelle ».
Mes chères sœurs, c’est
cet esprit marial qui était le fond de votre témoignage
parmi nous. Vous nous l’avez montré par votre
seule présence priante, par votre service d’accueil
à la fois discret et si présent à tous,
par ces fêtes annuelles de sainte Jeanne, par l’organisation
de journées mariales. Heureux les diocésains
d’Alajuela qui en bénéficieront désormais,
grâce à votre nouvel élan missionnaire
!
Vous avez entretenu avec beaucoup de soin
ce parc du Bartèu qui fait l’admiration des
visiteurs : jardin aux arbres et fleurs si divers. Mais
d’abord vous avez cultivé sur notre terre les
vertus et grâces mariales.
Sainte Jeanne vous disait encore : «
Sachez donc, mes chères filles, et rappelez-vous
toujours, que, bien que la Vierge Marie fût remplie
de toutes grâces et vertus, le Saint-Esprit a néanmoins
voulu et fait que les Évangélistes ne fissent
mention que de dix seulement. Ces dix vertus que, selon
l’Évangile, la Vierge a possédées,
vous devez les posséder. Et tout (…) ce qu’Elle
a pensé, dit et fait, vous devez le penser, dire
et faire. Ainsi dans la pratique de chacune de ces vertus,
vous avez à imiter la Vierge de cœur, de bouche
et d’œuvre ».
Chers amis d’aujourd’hui, quelles
sont ces dix vertus et grâces mariales, que nos sœurs
Annonciades ont semées parmi nous pendant vingt sept
ans et qu’elles vont nous laisser comme un beau jardin
à entretenir à notre tour ? Ce sont dix attitudes
évangéliques que Marie a vécues. Sainte
Jeanne aimait les appeler « les dix plaisirs »
par lesquels Marie s’est rendue parfaitement agréable
à la Sainte Trinité. Qualifions-les par des
noms de fleurs. Ce sont :
le lys de la pureté d’être
tout à Dieu ;
le liseron de la prudence pour discerner le bon plaisir de
Dieu ;
la violette de l’humilité pour servir ;
la marguerite de la foi pour vivre dans la confiance ;
la campanule de la louange pour glorifier Dieu ;
le tournesol de l’obéissance pour s’ajuster
à Dieu ;
le chardon de la pauvreté pour le partage ;
le perce-neige de la patience pour donner de nouvelles chances
;
la rose de la charité pour faire plaisir aux autres
;
la fleur de la passion pour se faire proche de ceux qui souffrent.
Merci, mes sœurs, de nous laisser
ainsi un beau jardin, dont les dix vertus nous invitent
et inviteront à contempler Marie pure, humble, obéissante,
confiante, proche de nous… afin que nos pensées,
nos paroles et nos actions soient de plus en plus imprégnées
de ces qualités d’un cœur qui cherche
à plaire à Dieu en toutes choses. Nos sœurs
indiennes de la Présentation de Marie nous garderont
aussi dans cette louange à la Vierge Marie qui nous
montre son Fils.
Car ces vertus de Marie sont une autre expression
des Béatitudes que Jésus nous a laissées
comme règle de vie chrétienne. Nous venons
ensemble d’écouter cet Évangile pour
que nous puissions en faire mémoire. Comme l’Apôtre
saint Paul en a fait mémoire auprès de ses
frères Colossiens et poursuivait ansi : « Vivez
dans l’action de grâce. Que la Parole du Christ
habite en vous dans toute sa richesse. Par des psaumes,
des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu,
dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que
vous dites, tous ce que vous faites, que ce soit toujours
au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui
votre action de grâce à Dieu le Père.
»
Que ce soit maintenant et dans l’avenir
notre « Alleluia » : c’est et ce sera
notre chant commun, en toutes langues : français,
espagnol ou tamoul… C’est et ce sera notre façon
de « faire le plaisir de Dieu par l’imitation
des vertus de la Vierge Marie ». C’est et ce
sera toujours notre lien eucharistique !
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