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Billet spirituel                           

LETTRES DE SAINTE THERESE DE LISIEUX

 
 

                                         

 

 
  mars 2009                                                             lire également:     janvier février                      billets spirituels de 2008: Bernadette
 
 

 

L’adolescence (suite)

Lettres 22 à 45

(Noël 1886 - avril 1888)

 

 

Avec la lettre 27 la Correspondance s’approfondit. Thérèse parle pour la première fois de sa vocation et se met en quête d’une aide sacerdotale (lettre 28).

 

Lettre 27 : A sœur Agnès de Jésus (8 octobre 1887)

 

   Thérèse confie à son oncle son désir d’entrer au Carmel. « Il m’a fait un petit sermon très AFFECTUEUX auquel je m’attendais. » Il ne conteste pas sa vocation, « il était très sûr de ma vocation ». Il objecte son tout jeune âge. On n’entre pas au Carmel à 14 ans. « Mon oncle me dit que selon les règles de la sagesse humaine, il ne faut pas que je croie entrer avant dix-sept ou dix-huit ans, ce sera encore trop tôt. » Il faut aussi prendre en compte l’opinion publique à une époque où les relations entre l’Eglise et la société sont tendues : « Ce serait un véritable scandale public que de voir entrer une enfant au Carmel, je serai la seule sur toute la France… ».

 

   L’hésitation de l’oncle est compréhensible. Pour nous en convaincre, une mise en situation. Si votre fille de 14 ans vous demande d’entrer au Carmel, il est peu vraisemblable que vous l’embrassiez et rendiez grâce à Dieu. Qui lui a mis cette idée dans la tête ? Ses sœurs qui l’ont précédée au Carmel et qui entretiennent une relation affectueuse avec elle ? Un prêtre, sergent-recruteur, qui aurait subrepticement imprimé ce projet dans sa jeune cervelle ? Une imagination pieuse et romantique ? Et puis que vont penser les voisins ? Qu’elle attende donc sa majorité !

   Si vous êtes astucieux, pour éviter le conflit, vous baisserez légèrement la tête et vous direz d’une voix douce: « Si le bon Dieu le veut, il pourra le montrer ».

   Cette parole dite par l’oncle est sincère. Thérèse interprète le propos à sa façon : « Je pense que le Bon Dieu ne sera pas embarrassé pour montrer à mon oncle, quand il le voudra... » Elle n’a pas besoin que Dieu confirme sa vocation. C’est déjà fait. Quant à l’oncle… que le Bon Dieu lui montre !

 

   « Tu sais, ma petite sœur chérie, mon oncle m’a dit bien des choses très gentilles ». Thérèse ne restitue dans sa lettre « que les obstacles qu’il a trouvés. »  Elle est convaincue « que pour le Bon Dieu ces obstacles n’en sont pas. »

   L’entretien l’a cependant ébranlée. « Je ne puis rassembler mes idées. »  « Je me sens malgré tout… » Le « malgré tout » récapitule les objections. « … malgré tout pleine de courage ». Elle appuie sa fragilité sur la solidité de la fidélité de Dieu à son appel, « Je suis bien sûr que le Bon Dieu ne va pas m’abandonner. »

   Le temps du combat commence. Le secret du cœur est lâché. Il va falloir tenir bon et supporter les remarques et le regard pas toujours très bienveillant des autres. « Maintenant va commencer mon temps d’épreuve ».

 

   En suppliant Agnès de prier pour elle, Thérèse ouvre une petite fenêtre sur son intériorité: « Oh ! je ne veux rien lui (Jésus) refuser. » Elle accepte tout et offre tout par amour pour lui. Le monde pourrait s’écrouler autour d’elle, elle serait toujours riche de sa présence. « Même quand je me sens triste et seule sur la terre lui me reste encore. » La petite Thérèse est déjà à l’école de la grande Thérèse : « Sainte Thérèse n’a-t-elle pas dit : Dieu seul suffit. »

  

   Elle écrit cette lettre sous le coup d’une forte émotion. Comme à son habitude elle écrit rapidement: « Pardonne-moi de t’envoyer cette lettre ou plutôt ce brouillon où les idées ne se suivent même pas, je ne sais même pas si tu vas pouvoir la lire tant elle est mal écrite mais mon cœur avait tant de chose à dire que ma plume ne pouvait le suivre. »

 

   Pour une adolescente de 14 ans, elle se débrouille plutôt bien.

 

Lettre 28 : Au Père Pichon (23 octobre 1887)

 

   Il n’est pas sûr que cette lettre ait été envoyée.

 

   Le Père Pichon est jésuite. Marie et Céline l’ont pour directeur de conscience. « J’ai pensé, puisque vous vous occupiez de mes sœurs, que vous voudriez bien prendre aussi la dernière. »  Quinze jours après avoir révélé à son oncle sa vocation Thérèse est en quête d’un accompagnateur spirituel. A la différence de ses sœurs elle éprouve une réelle difficulté à exprimer par écrit son ressenti profond. Du moins le croit-elle. « Je crois, mon Père, que malgré tout vous allez me deviner. » L’écrit permet de la deviner mais pour connaître son cœur il faudra la rencontrer : « J’espère que je pourrai vous voir au Carmel pour vous ouvrir mon cœur. »

 

   Le premier mot, la première confidence, le premier cri est une action de grâce : « Le Bon Dieu vient de m’accorder une grande grâce. » Tendons l’oreille ! « Depuis longtemps je désire entrer au Carmel, je crois que le moment est arrivé, Papa veut bien que j’entre à Noël. » Elle écrit : « depuis longtemps ». Il faut se rappeler son tout jeune âge.

   Si le discours de l’oncle était plein de sagesse humaine, son père « veut bien ». Thérèse a livré sa première bataille et remporté sa première victoire : « Veut bien ».

   « A Noël », dans deux mois.

   Le cœur de Thérèse déborde de reconnaissance : « Oh ! comme Jésus est bon de me prendre si jeune ! je ne sais comment le remercier. »

 

   L’oncle s’est rangé à la décision paternelle : « Mon oncle me trouvait bien jeune, mais hier il m’a dit qu’il voulait faire la volonté du Bon Dieu. »

 

   Les lettres nous conduisent alors à Paris « nous avons vu de très belles choses mais cela n’est pas le bonheur » (Lettre 30), en Italie « dans les belles Eglises où nous allons je ne vous oublie pas » (Lettre 31) après avoir côtoyé les Alpes Suisse où « on prie si bien, l’on sent que Dieu est là (Id.). Voyage d’agrément ? Thérèse languit Rome et ne pense qu’à une chose : « Comment je m’y prendrai pour parler au Pape ? » (Lettre 32).

                                                                                                         Thierry Cazes

 

... à suivre  ....

 
   
 
voir également les billets spirituels de 2008:  Mario RONCELLI        La vocation de Bernadette
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