Le diagnostic pré-implantatoire (DPI) est autorisé
en vue de la création de « bébés
médicaments » appelés aussi « bébés
sauveurs » ou encore « bébés
du double espoir ».
Le diagnostic préimplantatoire permet à un
couple non stérile concerné par un problème
de maladie génétique ou chromosomique, d'obtenir
après fécondation in vitro (FIV), l'implantation
d'un embryon certifié exempt de la maladie redoutée.
N'est réimplanté que l'embryon qui ne sera
pas porteur de la maladie, les autres sont détruits.
La loi de 1994 autorisait le diagnostic pré-implantatoire
en vue de la naissance d'un enfant exempt de l'affection
redoutée. La nouveauté de la loi de 2004 c'est
qu'elle l'étend en vue de la naissance d'un « enfant
médicament ». Le diagnostic pré-implantatoire
permettra à un couple qui a déjà donné
naissance à un enfant atteint d'une maladie génétique
entraînant la mort dans les premières années
de la vie et reconnue comme incurable au moment du diagnostic,
d'améliorer le pronostic vital de cet enfant par
l'application sur celui-ci d'une thérapeutique ne
portant pas atteinte à l'intégrité
du corps de l'enfant né du transfert de l'embryon
in utero. Le but est de donner naissance à un nouvel
enfant, non porteur de la maladie, qui pourra, par une greffe
de cellules ou de moelle, guérir son aîné
malade. Le diagnostic pré-implantatoire se présente
comme une alternative au diagnostic prénatal afin
d'éviter le traumatisme physique et psychique que
représenterait une éventuelle interruption
thérapeutique de grossesse.
La loi prévoit que la recherche ne peut s'effectuer
que sur des embryons ne faisant plus l'objet d'un projet
parental : cette distinction entre embryons objets d'un
projet parental et ceux qui ne le sont pas est dangereuse.
Elle introduit une distinction entre des semblables : les
embryons pour lesquels existe un projet et qui seront protégés
et ceux pour lesquels il n'y a plus de projet et qui vont
être utilisés comme matériau de laboratoire.
La défense et le respect de la vie sont liés
au désir parental.
La loi prévoit que la recherche ne peut s'effectuer
que sur des embryons issus d’aide médicale
à la procréation et interdit, en principe,
la création d'embryons en vue de la recherche ; mais
qui empêchera des médecins ou des couples peu
scrupuleux ou pour des motifs altruistes de créer
des embryons en vue de faire avancer la recherche ?
La recherche embryonnaire par prélèvement
de cellules entraîne la destruction de l'embryon sa
mort. Or la position de l'Église catholique a été
réaffirmée dans le document « Donum
Vitae » de la congrégation pour la doctrine
de la foi publié en 1987 et dans l'encyclique « Evangelium
Vitae » de Jean-Paul II, sur la défense
et l'inviolabilité de la vie humaine, parue en 1995
:
« Dès que l'ovule est fécondé,
se trouve inaugurée une vie qui n'est celle ni du
père ni de la mère, mais d'un nouvel être
humain qui se développe pour lui-même... L'être
humain doit être respecté et traité
comme une personne dès sa conception, et donc dès
ce moment on doit lui reconnaître les droits de la
personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable
de tout être humain innocent à la vie ».
Le diagnostic pré-implantatoire était déjà
prévu par la loi de 1994, mais il ne prévoyait
que la réimplantation des embryons « sains »
et la destruction des autres : cela posait déjà
la question éthique envisagée ci-dessus.
Le diagnostic pré-implantatoire en vue d'un « bébé
médicament » pose une autre question éthique.
Ne peut-on penser les choses qu'en termes d'altruisme (un
enfant conçu pour en sauver un autre) ? N'y a-t-il
pas d'autres questions à envisager ? Un enfant est
il un moyen de parvenir à une fin même bonne
? N'est ce pas le transformer en objet ? Un enfant peut-il
être un « outil » dont on peut
disposer ? Dans le cadre d'un diagnostic pré-implantatoire
en vue d'un « bébé médicament »,
l'enfant est-il voulu pour lui-même ? On peut en douter
car si aucun embryon n'est « sain »
il n'y aura pas de grossesse ? Toutes ces questions sont
graves et méritent d'être posées.
Le diagnostic pré-implantatoire en vue d'un « bébé
médicament » n’est envisagé
par la loi que si l’aîné a une maladie
entraînant la mort dans les premières années
de sa vie. Ne sera t'on pas tenté d'y recourir même
si sa vie n'est pas en danger ?
Les recherches embryonnaires, le diagnostic pré-implantatoire
conduisent dans l’immense majorité des cas
à la destruction d'embryons humains et portent donc
atteinte au respect inconditionnel de la vie dès
son commencement. Le respect de la vie, particulièrement
du plus faible, du plus vulnérable (comme l’embryon
ou la personne en fin de vie) est une condition de subsistance
de l'humanité. L'interdit de tuer s'étend
à tout être de sein de sa mère au terme
naturel de sa vie ; il nous rappelle que du fait qu'il est
là, nul vivant n'est de trop. Peut on détruire
des vies humaines pour en sauver d’autres ou pour
améliorer nos connaissances scientifiques ?
« Dès la fécondation, est commencée
l’aventure d’une vie humaine dont chacune des
grandes capacités demande du temps pour se mettre
en place… L’Église a toujours enseigné,
et enseigne encore, qu’au fruit de la génération
humaine, depuis le premier moment de son existence, doit
être garanti le respect inconditionnel qui est moralement
dû à l’être humain dans sa totalité
et dans son unité corporelle et spirituelle. »
(Evangelium Vitae, n°60)
La science est bonne si elle sert l'homme, sa croissance,
son mieux être mais pas à n'importe quelles
conditions. Ses perspectives fabuleuses ne doivent pas nous
éblouir et nous empêcher de réfléchir
à ce que nous faisons. Tout ce qui est scientifiquement
possible, tout ce qui est utile n'est pas forcément
éthique. (1) Le respect et l'admiration pour les
progrès biomédicaux ne doivent pas nous empêcher
de discerner ce qui est bon pour l'homme, pour sa dignité,
pour le respect de ce qu'il est, qui nous dépasse
et nous impose le respect.
Père Christophe Disdier-Chave
(1) « Science sans conscience n’est que
ruine de l’âme » (Rabelais)