Après
l’échange sur le ou les textes d’évangile
:
Pour approfondir :
Beaucoup de gens (et peut-être nous-mêmes) considèrent
la foi et la religion chrétienne surtout comme une
morale…
Le premier texte nous montre le cœur de notre foi :
notre Dieu est à la recherche de l’homme ! Et
ceci dès le livre de la Genèse : « Adam,
où es-tu ? » Jésus parcourt villes et
villages, il proclame une Bonne Nouvelle, se penche vers ceux
qui sont dans le besoin. Et surtout ce petit mot qui en dit
long : « Il eut pitié de la foule. »
La « pitié » ici n’a rien d’une
attitude condescendante. Le mot signifie : « Il regarde
la foule avec des entrailles d’une mère qui aime
passionnément son enfant et veut son bien par tous
les moyens » !
Ce que Jésus doit annoncer c’est la Bonne Nouvelle
de cet Amour de Dieu pour l’homme, qui vient à
sa rencontre pour le relever, lui ouvrir un avenir, le mener
à la Vie pour toujours.
Le regard de Jésus ne s’arrête pas à
un constat superficiel : au-delà de l’apparence
(quelle qu’elle soit), Il repère la soif du cœur
de la foule. Et Il sent le besoin de sens, de perspective
d’avenir, de guide, d’une communauté qui
construit une vie ensemble avec un projet. Un troupeau sans
berger va à la dérive et se meurt.
Ensuite l’image change : la foule devient une moisson
à moissonner… Le Royaume nous est donné
et les fruits poussent. Il nous appartient de moissonner,
d’être une communauté où le Royaume
fait vivre. Une foule prostrée et lasse attend la Vie.
Une communauté morose et désabusée finit
par se dissoudre.
Il faut donc des bergers, des ouvriers qui accueillent la
fécondité, l’envie de grandir et de porter
du fruit. Dieu donne la croissance, mais il faut des «
Paul » et des « Appolos » qui bêchent,
qui plantent, qui arrosent…
Mais le premier travail consiste en : « Priez le Maître
de la moisson »… Seul le travail pastoral qui
se ressource dans le Christ pour apprendre de Lui «
qui est doux et humble de cœur », qui a «
pitié » des foules, fera que ce soit un travail
qui accueille le Royaume de Dieu. Et le premier fruit de la
prière sera notre propre disponibilité à
nous laisser envoyer par le Seigneur à nos frères
les hommes. C’est ce que nous avons vécu au cours
des haltes spirituelles de l’Avent ; il faudra renouveler
et continuer l’expérience : la prière
est source et sommet de la mission.
Le deuxième passage nous précise « la
façon de travailler » du Maître de la moisson.
On pourrait dire qu’il s’y prend en mauvais agriculteur,
puisqu’il n’a pas préparé son champ
avant de semer et qu’il sème n’importe
où… Le sens de l’Évangile semble
cependant : la confiance du Semeur qui ne laisse aucun terrain
sans semence ! La semence, c’est son amour offert, sa
main tendue, son invitation et son appel à s’ouvrir
au Royaume.
Chacun reçoit cette offre tel qu’il est, avec
son histoire, avec ses ouvertures, ses blocages, avec ses
blessures et résistances,… Personne ne peut répondre
à la place d’un autre et chaque réponse
s’inscrit dans une histoire avec ses soutiens et ses
tentations, avec ses ratés et ses rebondissements.
Mais la semence est donnée, demande à être
accueillie, à prospérer en abondance. L’invitation
du Christ ne s’arrête jamais ! Et les fruits surprennent
souvent, quand ils deviennent visibles…
Après
l’échange autour du repère pastoral :
Pour approfondir :
Pour certains, la tentation est parfois grande de nous plaindre
: « Tout fout le camp, plus de valeurs, plus de foi,
de moins en moins d’enfants au catéchisme, les
églises se vident… »
Même si la réalité est là, force
est de constater que nous regardons cette réalité
à partir de ce que nous avons connu et surtout à
partir de ce que nous croyons bon ! Nous n’avons peut-être
pas tout à fait tort, mais est-ce le regard du Christ
sur les foules ?
Il les regarde avec « pitié » et Il va
à leur rencontre. Il repère ce qu’ils
vivent et ce qu’ils cherchent afin de les rejoindre
là où ils en sont ! Il propose et offre sa parole
et son amour, tout en laissant tout l’espace à
la liberté de l’autre. Et quand le contact et
la relation ne s’établit pas, Il continue tout
simplement à proposer ailleurs…
Ne faudrait-il pas chercher d’abord à repérer
les signes de l’action de Dieu dans la vie de ceux que
nous rencontrons, et chercher avec eux comment se soutenir
et aller plus loin ensemble ? Donc partir de la certitude
que Dieu est déjà présent dans l’autre
et chercher comment ensemble faire un pas de plus pour grandir.
Trop souvent nos propositions directement liées aux
sacrements et l’eucharistie du dimanche semblent en
décalage avec ce que les personnes rencontrées
peuvent vivre. Jésus lui-même n’a célébré
(institué) l’eucharistie qu’à la
fin du chemin parcouru avec ses disciples… Ne faudrait-il
pas que nous inventions plein d’autres propositions
pour grandir ensemble dans la découverte du Christ
et du trésor de la foi ? Donner le goût de croire
et de découvrir la joie de croire passent le plus souvent
par le témoignage, le partage, des débuts de
réponse aux questions que les gens portent, etc.
Le vrai service des personnes rencontrées passe par
la contemplation de ce qu’elles sont, ce qu’elles
vivent, les désirs et les questions qu’elles
portent… et comment Dieu les travaille déjà
et veut ouvrir des espaces pour respirer, espérer,
grandir. Autrement dit : passer d’une « pastorale
pour le peuple » à une « pastorale à
partir du peuple, mieux, à partir de Dieu qui agit
au cœur de la vie des personnes… » Aider
à découvrir comment Dieu ouvre des chemins aujourd’hui
si nous nous laissons parler par son Évangile.
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