Après
l’échange sur le ou les textes d’évangile
Pour approfondir :
Comme toute parabole dans l’évangile, celle-ci
met en exergue un aspect particulier. S’arrêter
à l’impression de Dieu comme un Maître
qui répartit, s’en va et revient pour «
demander des comptes » n’est certainement
pas faire justice à l’évangile qui nous
montre toujours le Royaume comme un « don de Dieu »
pour le bonheur de tous les hommes.
Contrairement à la consonance pécuniaire du
mot « talent », la parabole indique que Dieu donne
son Royaume à chacun. Pour preuve : quel que soit le
nombre de talents donnés, la seule attente est que
le ou les talents fructifient. Chacun est donc invité
à vivre du Royaume donné.
Cependant, chacun fera fructifier ce don reçu selon
ses capacités. Nous ne faisons pas tous les mêmes
choses, mais c’est le même Royaume donné
qui veut grandir en chacun selon ses capacités.
Dieu nous fait confiance en nous donnant son Royaume et veut
avoir besoin de nous ! Il ne nous considère pas comme
des marionnettes, mais comme des acteurs libres et responsables.
Quelle confiance et quelle grandeur de l’homme au regard
du Dieu-Amour ! Il nous confie ses biens pour que nous les
fassions fructifier : Dieu nous institue partenaires.
La parabole n’insiste pas sur le « travail ensemble
», mais sur la responsabilité de chacun à
faire fructifier le don selon ses capacités. C’est
vrai que « nul n’est irremplaçable »
et en même temps force est de dire que nul ne peut vivre
à la place de l’autre ! Chacun est libre et unique,
et la réponse de chacun est unique et irremplaçable.
Chacun est précieux.
« Gagner » est au fond laisser fructifier en
« bonheur », en amitié, en fraternité,
en joie de vivre. « Donner la vie » ne se
mesure pas de façon quantitative. C’est souvent
dans les petites choses que la plus grande joie se découvre.
C’est ainsi que celui qui a « gagné »
cinq talents reçoit exactement la même louange
et « récompense » que celui avec ses deux
talents. Car la joie du Royaume est plénitude, comme
le disait Thérèse de Lisieux : « Notre
verre sera plein, quelque soit sa forme et sa contenance ».
Quant à celui qui n’a rien fait de son talent,
les mots sont durs, mais le sens n’est pas à
chercher du côté de la punition. L’expérience
humaine nous dit que celui qui n’accueille pas la Vie
et ne la fait pas fructifier, se trouve tôt ou tard
les mains et surtout le cœur vide… C’est
en donnant que l’on reçoit – sinon on perd
même ce que l’on pensait avoir… car devant
l’éternité seul l’amour accueilli
et donné sera notre richesse…
Après
l’échange autour du repère pastoral
Pour approfondir :
S’il y a peut-être eu un temps où
l’on disait : « l’Église c’est
le curé… », cela n’a jamais été
selon l’Évangile…
Le Christ offre à chacun la vie de son Royaume et
invite chacun à la faire fructifier selon ses capacités,
participant à la mission de l’Église qui
est celle de révéler le visage et la présence
de Dieu à l’humanité !
Le concile Vatican II a remit cette vérité
en pleine lumière : l’Église c’est
tout le peuple de Dieu, chacun selon ses capacités
et sa mission propre ! La communauté chrétienne
se construit donc par la participation et la coresponsabilité
de tous ses membres.
Beaucoup sont disposés à collaborer si la demande
est à leur portée. Personne n’est si pauvre
qu’il n’ait rien à offrir… Combien
de fois l’avons-nous vécu que des personnes revivent
quand on ose les appeler, quand ils se sentent participants.
N’est-ce pas un respect profond de l’autre que
de faire appel à sa responsabilité et participation
?
Il s’agit donc de créer la mentalité
et l’espace pour le surgissement de nouveaux collaborateurs
à partir de nouvelles initiatives, formés dans
l’action… Donner confiance et responsabilité
aide à grandir les personnes. Répartir les responsabilités
permet d’élargir et d’enrichir les actions.
Parfois nous nous laissons enfermer dans le cercle des collaborateurs
jugés capables, au point de tomber dans la facilité
et la routine, le non-renouvellement qui n’ouvre pas
à l’avenir.
La dynamique de la vie demande un mouvement inverse : oser
l’attitude de confiance, appeler, faire route ensemble,
former, accompagner, soutenir… en accueillant la richesse
nouvelle d’autres collaborateurs ! L’exemple de
Jésus reste notre point de repère : Il a osé
appeler (et ce n’était pas assuré d’avance…
vu ce qui s’est passé pour les uns et les autres
de ses disciples), Il a fait route avec eux, Il les a formés,
envoyés…
Peut-être faudra-t-il aussi sortir du cercle vicieux
: « les prêtres font tout - nous n’avons
pas de laïcs qui collaborent – ceux qui le voudraient
ne sont pas formés – et donc ce sont toujours
les mêmes… ». Une nouvelle dynamique
demande le risque de l’appel, le risque de la confiance
à d’autres, l’investissement de l’accompagnement
et de la formation. Être responsable c’est développer
la coresponsabilité.
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