Notre arrivée à Yaoundé ne
s'est pas faite sans une grande émotion. Le dépaysement
est complet, inexplicable. Le Père Grégoire, aumônier
diocésain des jeunes était là, avec Augustin
le chauffeur de l'évêque pour un accueil chaleureux.
Monseigneur Bala nous a reçus dès notre arrivée
à Bafia.
Le lendemain, vers 9 heures, de nombreux jeunes
nous attendaient en frappant dans leurs mains et en chantant.
Le coup est fort, l'émotion est à son comble. Nous
sommes surpris et accueillis très chaudement. Chaque responsable,
des différents mouvements de jeunes (Servants de messe,
J.O.C., J.E.C., M.E.J., C.S.C., Chorale de Saint Charles Lwanga,
Action catholique des enfants, Légion de Marie Junior,
Jeunesse sans frontières, Groupe de prière des jeunes,
Groupe liturgique des jeunes) s'est présenté. Et
à notre tour, nous avons expliqué notre fonctionnement.
L'après-midi, les jeunes de Bafia nous ont promenés
dans leur ville et montré leurs lieux de vie. Les routes
sont terreuses. Les arbres sont splendides. Les jeunes ont commencé
à tisser des liens. Spontanément, Blanche et Solange
sont venues vers Malvina pour engager la conversation. Grégoire
et Cobin eux aussi répondent aux questions de Nestor, Stéphane
et bien d'autres. Nous nous sommes quittés à 19
heures et le groupe des filles m'a demandé de prier avant
notre séparation. Cela m'a ému et touché.
Demain sera une grande journée pour nous. Les jeunes ont
préparé une messe d'accueil. Nous avons beaucoup
de chance de vivre une telle expérience.
Dimanche : nous entrons dans la cathédrale
de Bafia en procession. Nous sommes accueillis dans la communauté
par la danse traditionnelle de Bafia et nous sommes invités
à danser autour de l'autel... et cela pendant deux heures
et demie !
Ensuite, l'accueil dans les différentes paroisses (Bafia,
Somo, Lablé, Makanéné, Ndikimimeki, ...),
est vraiment grandiose. Les jeunes sont formidables, dynamiques
et très sympathiques. Les échanges sont très
enrichissants. Les questions fusent : « Comment cela
se passe en France ? Quels sont vos mouvements ? des questions
sur la scolarité, sur la vie des jeunes français
entre autres... ». Nous sommes vraiment contents de
pouvoir répondre à leurs questions.
La visite des différentes écoles
maternelles et primaires de Gondon nous a étonnés.
La moyenne des élèves dans les classes est de soixante.
Nous sommes émus à chaque fois par le mot d' accueil,
le chant de bienvenue et le bouquet de fleurs offert par le plus
jeune.
À Lablé, nous avons pu rencontrer les jeunes des
collèges d'enseignement technique des filles (cent soixante-dix
élèves) et des garçons (deux cent cinquante
élèves), à Bafia le collège de Sabaya
qui est un établissement catholique de neuf cent quatre
vingt-un élèves et trente-huit professeurs et enfin
le CES Yangben dans la paroisse de Bokito.
Plus tard, la rencontre avec des jeunes non scolarisés
a été un point important. En effet, ils ne peuvent
suivre leur scolarité car ils n'ont pas les moyens de la
payer (entre quarante-sept mille et cinquante-deux mille francs
CFA pour l'année soit environ soixante-dix à quatre-vingt
euros). Leur situation est très difficile car ils sont
issus de familles nombreuses (dix à douze enfants), ou
sont orphelins. Leur témoignage est poignant. En fait ils
se débrouillent pour survivre en faisant des petits boulots,
juste pour manger. Les jeunes hors-cadres, qui sont aidés
financièrement par le Secours catholique, nous ont expliqué
ce qu'ils vivent. Nous répondons à leurs questions
sur la situation des jeunes en France, sur le chômage, le
SIDA.
Prochaine étape Yoko, chez le Père Didier Pentecôte
: nous lui amenons quatre-vingt kilogrammes de livres récoltés
dans les collèges ou donnés par les jeunes.
À notre arrivée, les jeunes nous ont accueillis
en fanfare ! Chants, danses puis nous avons été
invités à participer à la messe à
la prison de Yoko. Enfin, nous avons pris un temps de discussion
avec le Père Didier pour connaître les besoins de
la bibliothèque de l'aumônerie. En fait, ce sont
surtout des livres scolaires scientifiques de lycée, des
dictionnaires français, de langue (anglais, espagnol, allemand)
et sur la civilisation, des livres de grammaire et de conjugaison
(Bécherelle), des textes philosophiques, des bandes dessinées
et hebdomadaires pour la jeunesse, cassettes vidéo culturelles
et scientifiques et aussi des livres de contes africains. Les
besoins des jeunes sont nombreux. Nous sommes sur le retour vers
Bafia, après six heures de voyage et avec une halte aux
chutes de Nachtigal.
À notre retour, nous avons parlé avec Monseigneur
Bala, qui est content de constater que notre séjour se
passe bien. Il nous conseille de bien nous reposer car les voyages
en brousse sont très fatiguants.
En fin d'après midi, nous allons en famille. Chacun de
nous est invité à passer un moment chez un jeune.
Nous avons discuté puis partagé le repas du soir.
Et nous sommes repartis les bras chargés de cadeaux (ananas,
cannes à sucre, papayes, citrons).
Le moment le plus fort de notre séjour est certainement
celui que nous avons vécu lors de la veillée culturelle
avec les jeunes de Bafia. Tel un spectacle, ils nous ont charmé
avec leurs danses, leurs histoires, leurs sketches. Mais surtout
quand ces jeunes ont offert des cadeaux pour les jeunes de notre
diocèse. Nous étions émus et impressionnés
à la fois. Nous sommes bientôt à la fin de
notre séjour et nous savons déjà que la séparation
sera difficile.
Dans un premier temps, les jeunes savent maintenant que le jumelage
est possible. Ils sont des témoins privilégiés
de notre séjour. Ils sont content de constater que nous
avons su nous imprégner des réalités et ils
sont fiers que l'on va garder une bonne image d'eux et de leur
pays. Dans un deuxième temps, pour l'avenir, les jeunes
souhaiteraient établir une correspondance mais aussi créer
un journal (Diba Info Jeunes ou Badi Info Jeunes) qui paraîtrait
une fois par trimestre (le premier numéro est prévu
le 1er mai). Chacun rapporterait les faits de son diocèse
et en ferait part dans le journal.
Nous sommes heureux que notre visite ait pu consolider les liens
d'amitié et de fraternité entre nos deux diocèses.
Enfin, nous remercions Monseigneur Bala pour son accueil, le Père
Grégoire notre accompagnateur qui s'est toujours rendu
disponible pour nous, mais également Augustin notre chauffeur.
Mais surtout, nous vous remercions tous de nous avoir permis
d'effectuer ce voyage.
Grégoire Gautier
Malvina Raynaud
Catherine Rousseau
Robin Silvestre