Au moment de la création du diocèse de Bafia, la priorité pour Mgr Loucheur fut de désenclaver la partie Nord du diocèse, donc de faire ouvrir des pistes dans la forêt tropicale. L'Église avait alors une grande influence dans la société civile.

Ce désenclavement continue : la piste de Bafia à Ngambé par Ngoro fut ouverte il y a deux ans seulement : un pont manquait et il fallait prendre un bac !

La piste de Ngambé à Yoko vient d'être ouverte dans la forêt, principalement pour l'exploitation de la forêt et donc pour les grumiers. Elle n'est pas praticable pendant la saison des pluies (de mi-août à mi-novembre). Pour aller de Yoko à Bafia pendant la saison sèche, il est maintenant plus facile de passer par les pistes de Yoko à Ngambé puis Bafia plutôt que par l'ancienne route Yoko - Yaoundé - Bafia.

L'ouverture des pistes change la vie des communautés qui existent dans la forêt : cela crée des besoins nouveaux, cela amène des maladies... Les gens qui habitaient dans la forêt vivaient en symbiose avec la nature, en prèlevant seulement ce qui est nécessaire à leurs besoins. Par exemple, maintenant que la piste est ouverte aux grumiers, le gibier est prèlevé sur une bien plus grande échelle par les scieurs.

L'évangélisation de ces scieurs, de ces ouvriers itinérants est d'ailleurs très difficile : comment les suivre ?

Au sud de Ngambe, il y a une petite population de pygmées. On a travillé avec eux sur l'éducation. Il faut adapter le travail au ruthme de vie. Mais la création de la route a déstabilisé le mode de vie des pygmées.

L'évangélisation passe d'abord par l'éducation, l'accompagnement, la reconnassance de l'identité de la personne ou de la communauté. Il faut changer son regard, les considérer d'abord comme frères et en même temps éduquer les enfants. L'Église est la seule à faire ce mouvement pour l'instruction et la santé.